L’arrêt de travail :
Le nouvel enjeu des entreprises
Face à l’augmentation constante de l’absentéisme, les impacts sont conséquents pour les entreprises et les pouvoirs publics. Etat des lieux et solutions pour lutter contre ce fléau.
Historiquement, l’arrêt de travail ne constituait pas un sujet pour les entreprises. Les régimes de prévoyance avaient un coût modique, principalement supporté par la Sécurité sociale voire les organismes d’assurance mais les pertes de l’arrêt
de travail étaient généralement compensées par le décès et les produits financiers. Depuis des années, les régimes arrêt de travail constituent un outil de gestion des fins de carrière, voire une alternative aux plans de licenciement (largement utilisés par la sidérurgie dans les années 80).
De profondes mutations
En 2010, la réforme des retraites prolonge la durée d’indemnisation jusqu’à 62 ans et nécessite la constitution de compléments de provisions.
- Un contexte de taux bas qui conduit à la diminution des produits financiers et à la hausse des provisions à constituer par les organismes assureurs. Une baisse de 0.5% du taux d’actualisation conduit à une hausse de 3% à 5% des provisions arrêt de travail.
- Un vieillissement de la population active, dû au report de l’âge à la retraite et à l’entrée plus tardive sur le marché du travail. Ce phénomène conduit mécaniquement à une hausse de l’absentéisme.
La révolution numérique et la transformation des entreprises conduisent souvent à une hausse significative de l’absentéisme. Selon le baromètre Ayming, le taux d’absentéisme est passé de 4.59% en 2016 à 4.72% en 2017 et 5.10% en 2018, soit une hausse de 11% en 2 ans. Cette étude met en lumière un autre phénomène inquiétant : la hausse des absences longues (plus de 90 jours) qui a augmenté de plus de 10% entre 2017 et 2018, et de 23% pour les moins de 40 ans.
Une prise de conscience progressive
La responsabilité des employeurs est régulièrement mise en cause dans la hausse des arrêts de travail. Cet absentéisme a un coût non seulement direct mais également indirect en désorganisant l’entreprise. Les impacts sur la performance économique sont alors très significatifs et cela devient un enjeu de toute l’entreprise et non plus des ressources humaines uniquement. De leurs côtés, les pouvoirs publics tentent de diminuer l’impact de l’arrêt de travail sur les comptes de l’Assurance Maladie par des mesures techniques.
Vers des solutions… ?
Pour lutter contre l’absentéisme, il faut d’abord le mesurer et le comprendre. Avec la généralisation de la DSN, de nombreux organismes d’assurance vont proposer une analyse de ces arrêts de travail par typologie (accident du travail, maladie…) permettant aux employeurs de disposer de benchmarks par rapport aux entreprises du même secteur, de la même région, etc. En parallèle, on constate de la part des assureurs, la généralisation des Certificats Médicaux Détaillés (CMD) pour les arrêts longs. Initialement, ces CMD ont été mis en place à des fins de contrôle et ont d’ailleurs permis des retours au travail.
De plus en plus utilisé dans le cadre de programmes d’accompagnement et de dispositifs d’aide à la reprise, cet outil permet aussi de mieux comprendre les causes de ces arrêts (de manière anonyme et dans le respect du secret médical) et d’établir un diagnostic.
Cette analyse préalable est indispensable pour pouvoir déployer des programmes de prévention adaptés au sein de l’entreprise : dépistage précoce de certaines pathologies, lutte contre les addictions, amélioration de l’environnement de travail, … Avec un ciblage des actions et une volonté forte de l’entreprise on peut lutter contre ce fléau et permettre à l’entreprise de gagner non seulement de la performance sociale mais aussi économique.